Tendances de l’emploi dans les métiers du numérique en France au 3ème trimestre 2024
La GEN a compilé les chiffres du troisième trimestre de 2024 et édité un bulletin avec les principaux enseignements sur les besoins en compétences numériques aux métiers du numérique.

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1. Chiffres clés de l’emploi au 30 septembre 2024
La répartition régionale des offres d’emploi au numérique publiées entre le 1er et le 30 septembre 2024
L'échantillon d'offres d'emploi au numérique publiées du 1er au 30 septembre 2024 et analysé dans le cadre de GEN_SCAN comprend 18 699 offres.
Répartition par région des offres d'emploi publiées
France métropolitaine - Du 1er au 30 septembre 2024
- Sans surprise, c’est en Ile-de-France que l’on trouve le plus d’offres d’emploi au numérique actuellement avec 28% des offres publiées (en perte d’un point par rapport à juin 2024).
- La région ARA arrive en 2ème position avec deux fois moins d’offres proposées (14%, +1 point par rapport à juin 2024).
- En 3ème position, on trouve l’Occitanie (+1 point) et la région PACA qui comptabilisent chacune 10% des offres.
- Puis suivent de près les régions Nouvelle Aquitaine (-2 points) et Pays de la Loire, avec 8% des offres publiées en septembre 2024.
Les offres d’emploi publiées en proportion du nombre d’entreprises
Nombre d'offres d'emploi par région pour 10 000 entreprises actives
Au 30 septembre 2024
C’est dans les Pays de la Loire que l’on trouve le plus d’offres d’emploi proportionnellement au nombre d’entreprises avec 126 offres publiées pour 10 000 entreprises, devant l’Ile de France avec 109 offres proposées. Les entreprises de Normandie et Bourgogne-Franche-Comté proposent de leur côté deux fois moins d’offres d’emploi numérique que la moyenne nationale.
La répartition par famille et métiers des offres d’emploi au numérique publiées entre le 1er et le 30 septembre 2024
Répartition par famille des offres d'emploi publiées
Évolution entre le 30 juin et le 30 septembre 2024
La famille Sécurité, cloud, réseau (37%) enregistre une hausse significative (+5 points), reste dominante et devance la famille « Développement, test et Ops » (24%) en baisse de 3 points.
Les besoins en compétences dans les familles « Data/IA « (4%) et « Communication digitale, marketing et e-commerce » (11%) restent stables depuis juin 2024.
Top des métiers les plus recherchés
Évolution entre le 30 juin et le 30 septembre 2024
- Le top 5 des offres publiées reste le même qu’en juin 2024.
- Les métiers du développement arrivent en tête et représentent 17% des offres de l'échantillon, dont 16% des offres situées respectivement en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes.
- Avec 16% des offres, les métiers du support technique restent un pilier essentiel pour les entreprises. Ce métier se distingue par une forte demande en Île-de-France (23% des offres), mais aussi dans des régions comme ARA (14% des offres) et PACA (12% des offres).
- Les métiers des systèmes et réseaux représentent 12% des offres d'emploi. Les régions les plus actives dans ce secteur sont l'Île-de-France (20% des offres) et ARA (15% des offres).
- Avec 10% des offres, les métiers de la DSI affichent une demande notable en Île-de-France (41% des offres).
- Enfin, la gestion de projet digitaux représente 9% des offres : ce métier est particulièrement demandé en Île-de-France (33% des offres) et en Occitanie (11% des offres).
Éléments de contexte
Un réajustement profond des besoins dans le secteur numérique
En 2024, le secteur technologique a connu une vague importante de licenciements, reflets d'une crise et d'une transformation plus profonde de l'industrie, liées à des facteurs interdépendants :
- durant la pandémie de COVID-19, la demande pour les services numériques, tels que le cloud, les solutions de travail à distance et les plateformes de commerce en ligne, avait explosé, poussant de nombreuses entreprises à recruter massivement. Mais post pandémie la demande a diminué, laissant certaines entreprises en sureffectif ;
- le ralentissement économique mondial, marqué par une inflation croissante, la hausse des taux d'intérêt et l’instabilité géopolitique ;
- une prise de conscience des investisseurs devenant plus sélectifs et se concentrant davantage sur la rentabilité à long terme plutôt que sur la croissance rapide ;
- les avancées technologiques et l'intelligence artificielle ont également joué un rôle clé dans les licenciements (en 2024, Google, par exemple, a déjà supprimé 12 000 emplois en réponse à une stratégie recentrée sur l'IA).
Des experts du recrutement attentistes
Le marché de l’emploi numérique a été très calme cet été, pâtissant du contexte politique incertain.
Pour Isabelle Rouhan, CEO du Cabinet de Recrutement Colibri Talent : « Le marché est grippé depuis fin avril : les grands groupes mettent leur recrutement en pause pendant les JO où le télétravail est de mise et ne favorisant pas la lancée de processus de recrutement. Quant aux startups, elles sont à court de trésorerie. ».
Malgré une conjoncture économique incertaine, les perspectives de recrutement pour 2025 restent plutôt positives. 25% des entreprises prévoient de créer des postes en CDI, principalement pour des experts en intelligence artificielle et en sécurité, tandis que 48% comptent maintenir leurs effectifs. Les trois fonctions les plus recherchées en CDI seront les chefs de projets IT, responsable de la sécurité des systèmes d'information (RSSI) et responsable infrastructure.
Une croissance légèrement revue à la baisse pour les entreprises du secteur numérique
Numeum, premier syndicat des entreprises du numérique en France, a publié en mai 2024 les résultats de son enquête semestrielle. Malgré un ralentissement, le secteur numérique continue de croître et de jouer un rôle central dans l'économie française. Ainsi, après une croissance de +6,5% en 2023, la croissance du secteur, initialement prévue à +5,8% pour 2024, est révisée à +5%. Cette croissance est notamment portée par les éditeurs et plateformes cloud qui devraient croitre de +9,6% cette année. La demande en compétences reste élevée, particulièrement en sécurité, cloud, données pour les ESN et ICT, et en R&D pour les éditeurs de logiciels. Le turnover élevé demeure un défi, avec 45% des collaborateurs partant chez des clients et 43% chez des concurrents.
Les startups de la French Tech toujours dans l’incertitude
Depuis mai 2024, une lente dégradation de la croissance se poursuit, et contrairement aux années précédentes, aucun regain d’activité n’a été observé à la rentrée de septembre. Ce mois a été marqué par un record à la fois en termes de créations et de suppressions d’emplois, avec plus de 7 000 postes créés et supprimés (équilibre), contre une moyenne annuelle de 5 200 créations et 2 800 suppressions par mois.
Malgré la stabilité apparente, le nombre de startups qui licencient (2 756) dépasse celles qui embauchent (2 219), bien que les startups créatrices d’emplois génèrent plus de postes par entreprise. Les tendances du second semestre 2024 restent incertaines.
Les disparités régionales sont marquantes : le Sud de la France affiche un solde positif tandis que le Nord, y compris l’Île-de-France, enregistre des pertes d’emplois. A noter que la GreenTech continue de croître.
Les tendances par famille de métiers
Famille Sécurité Cloud Réseaux
➔ Cybersécurité : 80% des entreprises prêtes à financer la certification de leurs employés
La pénurie de talents en cybersécurité représente un défi majeur pour les entreprises françaises. Selon un rapport de Fortinet, 76% des entreprises en France estiment que le manque de personnel qualifié en cybersécurité augmente le risque d'incidents de sécurité. 43% des entreprises françaises évaluent les pertes dues à une cyberattaque à plus d'un million d’Euros. Selon Gartner, la demande pour les experts en cybersécurité devrait augmenter de 25% d'ici 2025, avec une croissance particulièrement forte pour les profils spécialisés dans la sécurité des infrastructures cloud et la protection des données personnelles.
Pour pallier ce manque, 98% des entreprises françaises privilégient les profils certifiés et 80 % sont prêtes à financer la certification de leurs employés. Cependant, la formation en cybersécurité reste peu attractive, et le secteur peine à attirer de nouveaux talents. Un déficit mondial de 4 millions de professionnels est estimé pour combler les besoins en cybersécurité, soulignant l’urgence de la situation.
Autre source qui met aussi l’accent sur les besoins accrus en compétences liées à la sécurité : le Bureau of Labor Statistics (BLS) prévoit que les besoins en analyste en sécurité augmentent de 31 % entre 2022 et 2032.
➔ Augmentation du besoin en talents capables de travailler sur les infrastructures multicloud
D'après une étude de Gartner, les entreprises qui adoptent une stratégie multicloud réduisent en moyenne leurs coûts d'infrastructure de 25%. De plus, une étude d'IBM montre que 85% des entreprises utilisent déjà plusieurs environnements cloud, soulignant l'importance de compétences dans ce domaine, en particulier dans des secteurs tels que la finance et l'industrie manufacturière, où l'adoption du cloud est un levier majeur de compétitivité. Dans ce domaine, les certifications comme AWS, Azure et Google Cloud sont de plus en plus valorisées.
Famille Développement, test, Ops
➔ Le développement du No Code et de l’IA pour pallier le manque de développeurs
L'adoption de l'intelligence artificielle (IA) et des outils NoCode par les PME est en forte progression, avec 53% des dirigeants ayant déjà intégré des solutions IA. Des plateformes comme Airtable, Bubble ou Webflow permettent d'automatiser et de personnaliser des tâches complexes, tandis que des outils comme Make facilitent l'intégration entre diverses applications. Le NoCode et le LowCode aident les PME à développer rapidement des solutions numériques même avec peu de développeurs.
➔ Savoir coder en JavaScript, une compétence bientôt aux oubliettes ?
Certaines compétences IT deviennent moins pertinentes à mesure que l'IA prend le relais : le rapport de PWC met en lumière le fait que le codage en JavaScript, peut désormais être partiellement automatisé et devient moins prisé.
➔ A l'avenir, l'IA produira des codes plus propres qui modifieront en profondeur le rôle des développeurs
Selon Matt Garman, nouveau PDG d'Amazon Web Services, à moyen terme, les développeurs vont se concentrer davantage sur la conception et l'innovation, tandis que l'IA gérera le code. Mais même si des outils comme ChatGPT permettent déjà de créer des applications simples sans expertise technique, la maîtrise du code reste encore indispensable.
➔ L’évolution des compétences du métier de développeur de logiciels
Selon McKinsey, le développement de logiciels de nouvelle génération nécessite aujourd’hui de nouvelles compétences : la transition du développement de logiciels vers des technologies telles que l'IA générative et les architectures natives du cloud créera une demande pour des développeurs spécialisés dans ces deux domaines.
Famille Data et IA
➔ La data analyse et la datavisualisation toujours en développement
Selon l’étude de Deloitte, 67% des entreprises prévoient d'augmenter leurs investissements en analyse de données en 2024.
D'après le rapport de McKinsey, les entreprises cherchent de plus en plus des experts en visualisation des données, en particulier dans les secteurs de la finance et de la santé, afin de traduire des ensembles de données complexes en informations exploitables.
➔ La France investit massivement dans les datacenters
Lors du dernier Choose France, plus de 5 milliards d’euros d’investissements ont été injectés dans les centres de données dimensionnés pour l’IA, avec des acteurs comme Amazon, Equinix et Telehouse. De fait, alors que la puissance disponible en faveur des data centers est estimée à 500 mégawatts, elle pourrait se situer entre 2 400 et 2 700 MW d’ici à 2034.
➔ La demande de compétences en IA continue de croître de manière significative
Selon McKinsey, les investissements en IA ont augmenté de sept fois plus en 2023, malgré une baisse globale des investissements technologiques d'environ 30% à 40%, Cette demande est particulièrement forte dans les domaines de l'IA générative, de l'IA appliquée et de l'industrialisation du machine learning.
Selon Deloitte, en 2024, la demande pour des spécialistes de l'IA devrait encore croître de 15%, en raison de la popularité accrue des outils basés sur l'IA, tels que les assistants virtuels et les systèmes d'automatisation industrielle. Selon une étude de Gartner, 65% des entreprises prévoient d'utiliser l'IA pour automatiser leurs processus d'ici 2025, ce qui met en lumière la nécessité de compétences avancées en apprentissage automatique et IA appliquée.
Le manque de gouvernance des données est identifié comme le principal obstacle à l’adoption de l’IA par 62% des répondants. Les entreprises peinent à suivre où sont stockées leurs données, qui y a accès et si elles contiennent des informations personnelles sensibles, ce qui complique les initiatives en IA. En 2024, 71% des entreprises interrogées déclarent avoir mis en place des programmes de gouvernance des données, contre 60% en 2023.
Famille Communication digitale, marketing, e-commerce
➔ Le e-commerce français résiste bien à la crise
Les associations interprofessionnelles Ecommerce Europe et EuroCommerce prévoient une croissance de 8% pour les ventes e-commerce B2C en Europe en 2024. Après un déclin observé durant les années 2022 (-6%) et 2023 (-3%), la reprise est attendue, bien que l'effet de l'inflation ramène la croissance à 5 %. La France se distingue par une hausse de 10,5 % de son chiffre d'affaires e-commerce en 2023. Bien que le pourcentage d'e-shoppers français (77 %) soit inférieur à la moyenne européenne, le marché français reste vigoureux.
D’après une étude LinkedIn, les professionnels du marketing sont aujourd’hui les premiers à adopter l’IA et à développer leurs compétences en IA générative.
Famille Gestion, pilotage, stratégie
➔ Les DSI attendus sur la mise en œuvre de l'IA générative
Selon les données du Bureau of Labor Statistics (BLS), aux Etats Unis, entre 2022 et 2032, les postes de gestion, notamment les managers de systèmes d'information, devraient croître de 15%, surpassant la croissance de certaines fonctions de support IT, comme les spécialistes du support réseau (+7%) et les administrateurs de systèmes (+2,5%).
Les projets d’IA générative ont évolué d’une orientation initiale centrée sur la data science vers des projets axés sur l’ingénierie et l’intégration dans les systèmes d’information des entreprises. Cela renforce le rôle des DSI dans la gestion, le support et la maintenance de ces projets. Les cas d’usage de l'IA générative sont variés, couvrant à la fois les besoins IT et métiers.
Famille Interface, graphisme et design
➔ L’éco-conception, consommatrice de compétences UX
Une étude de CHILI publish et Sapio Research révèle que la production graphique est sous forte pression, avec 49 % des professionnels estimant que la production manuelle pourrait disparaître d'ici cinq ans, un constat moins pessimiste en France (37%). La demande accrue de personnalisation augmente la charge de travail, entraînant des retards dans les projets, notamment en France. Bien que l'automatisation soit jugée essentielle, l'IA est perçue comme un défi, 89% la voyant comme une menace pour l'emploi. Les entreprises répondent en recrutant et en formant, mais l'adaptation à l'IA reste complexe.
Les métiers de l’UI/UX pourraient à nouveau être demandés par les entreprises qui se mettent au diapason du numérique responsable (dans une étude de l’OPIIEC parue en avril 2023, trois des six compétences clés requises dans le domaine du « green IT » concernent les métiers de l’interface : le webdesign, l’UI et l’UX design).
Note de lecture :
Les dernières mesures de l’observatoire GEN_SCAN, relevées au 30 septembre 2024 ont été publiées sur notre site. Elles permettent d’avoir un aperçu des besoins des entreprises. Depuis le mois de mars, GEN_SCAN 2024 utilise une nouvelle IA entrainée pour attribuer à chaque offre d’emploi un métier de la cartographie de référence des métiers du numérique. (Cf. méthodologie). Certains graphiques ou cartes ne prennent en compte que les données de France métropolitaine car les chiffres pour la Corse et les DOM TOM sont trop faibles pour être représentés à la même échelle. Cependant, tous ces chiffres sont disponibles sur la carte interactive de GEN_SCAN.
Sources :
- Guide des salaires 2025, Robert Half, octobre 2024
- Conférence semestrielle de Numeum, mai 2024
- Baromètre mensuel de l’emploi dans les startups de la French Tech, septembre 2024
- La pénurie de talents en cybersécurité, une épine dans le pied des entreprises françaises, L’Usine Digitale, juillet 2024
- IA : les PME devraient adopter des outils NoCode appropriés, IT PRO, septembre 2024
- PwC’s 2024 AI Jobs Barometer, octobre 2024
- Rapport Deloitte “2024 technology industry outlook”, avril 2024
- Etude McKinsey “Technology Trends Outlook 2024”, juillet 2024
- Intelligence artificielle : la France, le nouveau paradis des data centers, L’Express, août 2024
- Etude LinkedIn “The B2B Marketing Benchmark”, juin 2024
- US Bureau of Labor Statistics
- IA : l’inquiétude des graphistes, septembre 2024
- Etude Opiiec « Besoins en compétences, emploi et formation en matière d’empreinte environnementale du numérique